Igor fait ses gammes
A l’occasion du championnat de France 2ème division qui a eu lieu les 12 et 13 Octobre à Paris (Institut du Judo), Igor SOUCAT s’est brillamment comporté dans un contexte très relevé et marqué par le retour d’anciennes pointures internationales. Le sociétaire de Saint-Médard ne grimpe pas sur le podium, mais il passe encore un cap qui le rapproche des tous meilleurs.
Si loin, si près…
A la vue du classement général, Igor ne laissera pas la trace de son passage dans les annales pour l’année 2013. Pourtant, il a prouvé qu’il était capable de rivaliser avec ceux qui occupent aujourd’hui le haut du classement, alors qu’à seulement 21 ans, il vient tout juste de monter de la catégorie de poids inférieure et que ses années juniors lui ont laissé une expérience anecdotique des compétitions nationales.
Au premier tour des -81kg, il dispose du rugueux Youcef BOUSSADIA (OJA 62) sur un superbe Ippon seoi nage à gauche enchaîné en immobilisation ; il cadenasse ensuite au Kumi kata Kévin BOISBUNON (Pont Ste Maxence), qui se laissera complètement déborder pour encaisser un joli Morote seoi nage.
Pour son huitième de finale, Igor est opposé à David MAYEU (JC Grand Rouen), cinquième des championnats de France 1ère division en 2011. Très entreprenant, il réalise un gros combat en créant de la mobilité et en prenant à son compte la majorité des attaques fortes. Conduit à la passivité et trois fois sanctionné, son adversaire parvient néanmoins à l’amener dans le golden score où il finira par s’imposer. D’une manière subjective, on pourra regretter que les nouvelles règles d’arbitrage imposent plus souvent un guidage du combat plutôt livresque, sans vraiment s’intéresser au fil conducteur de l’affrontement, où s’affiche clairement l’évolution du rapport d’opposition. Igor aura porté toutes les attaques ou presque, et sera défait en partie pour ne pas avoir « offert » sa manche gauche à son adversaire qui la convoitait. N’empêche, le talentueux David MAYEUX était rappelé tout juste dix minutes après cette grosse empoignade et subissait l’expérience de Laurent MESSEGUER (Sartrouville), ancien international et futur troisième. De fait, le championnat d’Igor s’arrêtait là, brusquement, sans lui offrir la saveur d’une éventuelle médaille de bronze, et c’est bien dommage…
La dernière édition ?
Ce championnat de France deuxième division garde toujours une saveur particulière quant à l’opposition qu’il propose entre les jeunes loups qui démarrent une carrière, les forçats redescendus au second plan de manière incongrue et les anciennes gloires venues tenter un retour parfois foudroyant. A la lecture des vainqueurs du jour, on a du mal à saisir pourquoi les seuls finalistes obtiennent par ailleurs un visa pour la première division : Ronald ALGER en -73kg, Frédéric FLORET en -81kg ou Gabrielle DEFLORENNE en -57kg, tous trentenaires et anciens internationaux pour ne citer qu’eux. Que dire également des victoires de Loïc KORVAL en -66kg, médaillé mondial en 2010, de Matthieu DAFREVILLE en -100kg, cinquième des Jeux de Pékin ou encore d’Annabelle EURANIE en -52kg, vice-championne du monde 2003 ?
Depuis qu’il a été créé en 1989, ce championnat a su révéler bon nombre d’histoires de ce genre avec – il est vrai – une belle apothéose cette année. Une superbe compétition donc, capable de mêler la fougue des jeunes qui rêvent de gloire et la sagesse des anciens au souffle haletant qui prennent encore du plaisir lors d’un championnat soit-disant de seconde zone, alors que l’élite pure et dure ne les fait plus toujours rêver.
Le seul bémol, c’est que ce championnat va être modifié, fermant porte close au niveau supérieur en 2014. Les athlètes obtiendront un billet pour la première division seulement lors des épreuves interrégionales organisées sur tout l’hexagone. Une très bonne dynamique à venir pour l’intérêt de toutes les régions dans l’accès au haut niveau, mais cette énième réforme peut sonner le glas d’un championnat bivalent, qui offrait jusqu’ici l’occasion de viser plus haut lors d’une compétition dont l’obtention du titre a toujours donné des frissons. Va t-on perdre l’âme d’un championnat pétri d’histoire dont certaines sont restées au mythique stade Pierre de Coubertin à la porte de Saint-Cloud ? Réponse dans un an.